Résultats d'études·Sevrage

Le Rôle des grand-mères chez nos ancêtres

Note préliminaire : Cet article n’est pas directement en lien avec l’allaitement, mais on y parle du rôle des grands-mères après le sevrage chez nos ancêtres (plutôt en lien avec mon post précédent).

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Un article fort intéressant, pour qui est un peu passionné par nos origines très très anciennes (euh je veux parler des études d’anthropologie, donc çà ne date pas d’hier !) est paru dans le N° 1150 de Sciences et Vie (juillet 2013). Il s’intitule « la Science déterre les secrets de famille » et il est question de la longévité des femmes et du rôle des grands-mère.

En particulier : y a t-il un avantage pour l’espèce humaine à ce que la femme ait une longévité plus grande que celle de l’homme ? Y a-t-il un intérêt évolutionniste pour une femme de pouvoir vivre de nombreuses années au-delà de la ménopause. Bref, nous allons parler des « grands-mères »  :  un sujet plutôt rarement abordé.

L’article commence bien : « Les grands-mères sont formidables ! »  Ce n’est pas forcément un scoop (en règle générale hein !) mais  l’article ajoute « Réponse des scientifiques : la survie des grands-mères a été sélectionnée par l’évolution, car elle augmente les chances de survie de leurs petits-enfants »

Quel est leur rôle exact ? « En récoltant de la nourriture pour leurs petits enfants et en s’occupant d’eux, les grands-mères favorisent leur survie »

Evidemment, j’ai toujours un peu de mal de me contenter des résumés des articles de journaux (même s’ils sont très bien rédigés). Donc une petite bibliographie  m’a permis de trouver des informations supplémentaires au sujet des études citées.

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La théorie de la grand-mère
Ce sont plusieurs anthropologues : Kristen Hawkes, James O’Connell et Nicholas Blurton Jones qui ont les premiers, proposé  (en 1997) (sur la base d’observations faites dans les années  80 des populations Hazda de chasseurs cueilleurs), l’hypothèse de la grand-mère. Cette théorie permet d’expliquer l’extension de la longévité de l’espèce humaine ; extension mesurée par rapport à nos lointains lointains ancêtres humains mais aussi par rapport aux autres espèces de primates (nos cousins biologiques).

Les anthropologues ont pu observer que les femmes les plus âgées du groupe passaient beaucoup de temps à s’occuper de leurs petits enfants et à rechercher de la nourriture lorsqu’ils étaient fraîchement sevrés (ce qui a pu modifier l’âge du sevrage, écho à mon précédent post sur le sujet). Grâce à cette pratique, les mères pouvaient alors entamer une nouvelle grossesse et réduire l’intervalle de temps entre deux enfants (impact sur la démographie).

Ainsi, il s’est produit une sélection naturelle pour les femmes suffisamment résistantes pour connaître le statut de grand-mère : en permettant à leur fille d’avoir plus d’enfants, les gènes de la longévité étaient transmis à un plus grand nombre de descendants. Grâce aux grands-mères, l’espèce humaine vit plus longtemps !

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L’anthropologue Kristen Hawkes

L’accueil de la théorie
Quelques controverses d’anthropologues face à cette théorie ont vu le jour ! En particulier, certains ont minimisé « l’effet de la grand-mère » en affirmant que les variations de disponibilité en nourriture, la pratique de la chasse et les changements de la taille du cerveau humain étaient des paramètres beaucoup plus impactants pour expliquer l’extension de la longévité humaine.

D’autres reproches reposent sur le nombre de femmes en âge post ménopause qui paraissait trop faible pour influencer de telle sorte tout un pan de la démographie de l’époque.

Les récentes découvertes
Mais un petit rebondissement permettant d’apporter un nouvel éclaircissement à l’affaire est paru fin 2012. Une nouvelle étude publiée dans le magazine scientifique « Proceedings de la ROyal Society » (résumé ICI) par K. Hawkes et ses collègues (mathématiciens biologistes) vient étayer la théorie. Grâce à un modèle mathématique, il a été prouvé que les grands-mères par leur pratique (telle que décrite ci-dessus) ont permis de doubler la longévité de l’espère humaine en moins de 60 000 ans (une broutille dans la longue échelle du temps de l’évolution…)

« Grandmother effects alone are sufficient to propel the doubling of life spans in less than sixty thousand years. »

NB : Les auteurs de l’étude ont pris des hypothèses conservatives (moins de 1% de la population féminine adulte de départ était dans la classe « grand-mère »  âgée de 45 ans ou plus) et n’ont pas pris en compte l’augmentation de la taille du cerveau ou l’évolution des pratiques de la chasse dans leur modèle. Au bout de 60000 ans, environ 40% de la population féminine adulte de départ était dans la classe « grand-mère » (même pourcentage que chez les populations de chasseurs cueilleurs actuelles)

Mais les controverses sont encore actives car des questions sans réponse définitive se posent encore. Pour certains, on en est encore qu’aux balbutiements des réflexions ; notamment pour la part des autres facteurs (taille du cerveau …).

Conclusion
Oui les grands-mères sont et furent formidables, mais je n’imaginais pas à quel point. K. Hawkes souligne aussi qu’elles ont également permis  (effet collatéral) de rendre l’espèce humaine plus sociale, encline à s’engager dans l’attention envers autrui.

Qu’en est il de notre époque actuelle ? Je suis tentée de dire, qu’il y a encore un peu (ou beaucoup selon chaque situation) de cela. Les grands-mères soulagent bien souvent les mamans dès qu’elles le peuvent : baby-sitting,  transmission de la culture, confection de petits gâteaux (vous avez repéré mon côté gourmand, là ?), pratique de nouvelles activités, construction de l’enfant dans la dimension sociale… Evidemment, on pourra toujours trouver quelques contres exemples, mais je suis persuadée, que le rôle de mamie est crucial et constitue un bien bel héritage de notre lointain passé.

Références
Kim P.,  Coxworth J., K. Hawkes « Increased longevity evolves from grandmothering »  2012 doi:10.1098/rspb.2012.1751 Proc. R. Soc. Brspb20121751

Autres liens

http://en.wikipedia.org/wiki/Grandmother_hypothesis

http://www.pbs.org/newshour/rundown/2012/10/how-grandmothers-gave-us-longer-lives.html

http://unews.utah.edu/news_releases/grandmas-made-humans-live-longer/

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2 réflexions au sujet de « Le Rôle des grand-mères chez nos ancêtres »

  1. Il est vrai que si une grand mère veut s’investir, et je crois que la plus part le font, elle trouve une richesse d’échange que personne ne peut imaginer même si elle ne dispose pas de beaucoup de ressouces

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