Un numéro quasiment entièrement consacré à la naissance a été publié dans « Les dossiers de la Recherche » du mois de décembre 2012. De nombreux sujets sont abordés dont la procréation assistée, la prématurité, le débat sur l’allaitement (pourquoi un débat d’ailleurs ?, les études sont là, non ? en preuve ce blog) mais aussi un retour sur la théorie de l’attachement… Un superbe article, je dois dire, y est consacré : il s’intitule « S’attacher pour mieux se libérer«

http://leapascale.rmc.fr/201573/Bebe-Kangourou-suite-nous-devrions-plus-souvent-observer-les-animaux/
On apprend (ou on réapprend) ainsi que le nourrisson, tout comme il doit se nourrir, a besoin de s’attacher à un adulte pour son développement personnel. Cela signifie qu’il s’agit d’un besoin primaire… et que s’il n’est pas satisfait, il y a plus de risques d’apparition de troubles du comportement… un peu plus tard.
La théorie de l’attachement a été développée par John Bowlby (psychologue et psychanalyste) dans les années 40.
Avant d’aller plus loin, je voudrais juste rappeler la définition du mot « théorie » dans son sens scientifique. En effet, bien trop souvent, le mot « théorie » a une acception réductrice : évoquant une idée émise par un petit nombre ou un courant de pensée, idée plus ou moins farfelue et pas forcément vraie.
Scientifiquement parlant, une théorie est en fait, un modèle, une explication qui rend compte de phénomènes réellement observés. Elle doit alors résister en vérifiant des faits nouveaux (non utilisés pour bâtir sa formalisation).
Pour en revenir à notre sujet, la théorie de l’attachement repose sur des observations (analyses cliniques de cohortes prenant en compte la génétique et le social) et se vérifiera également plus tard sur des analyses de situations concrètes d’enfants alors privés de liens affectifs dans leurs premiers mois de vie (abandon, mort de la mère, guerre …). Une grande majorité de ces enfants-là présentent davantage de troubles du comportement et ce, quelle que soit la culture.
L’enfant qui s’attache à un adulte particulier, va s’en servir comme « base de sécurité » : c’est vers lui qu’il reviendra en cas de stress (nous, mamans, avons observé à maintes reprises, l’enfant qui revient en courant se pendre à nos jupes, dès qu’une frayeur les assaille). Ce lien particulier va de pair avec une meilleure régulation des émotions négatives (peur, colère…) et favorise la confiance en soi : car pour le « tout-petit » si les besoins sont satisfaits, c’est qu’ils sont légitimes donc que l’enfant a une certaine « valeur ». L’enfant en situation de sécurité est également plus curieux et plus apte à explorer le monde.
D’autres personnes ont confirmé et étayé la thèse de l’attachement. EN particulier, la psychologue canadienne MAry Ainsworth, qui développe des protocoles expérimental permettant d’aller plus loin.
L’attachement est clairement établi entre 7 et 9 mois souvent auprès de la mère, mais il s’avère que c’est la personne qui s’occupe de l’enfant la nuit qui constitue la figure d’attachement…
L’article rappelle aussi la levée de boucliers des féministes ou encore de personnel soignant en milieu hospitalier lorsque la théorie a été lancée… et il n’est pas rare de nos jours de voir dans la bouche des grands mères des propos tels que « laisse-le pleurer, cela lui fera les poumons… » ou « laisse-le pleurer, sinon il deviendra dépendant de toi, et tu deviendras esclave ! »… vous le voyez, des propos complètement aux antipodes de ce qui est bon pour l’enfant… et tant d’études ultérieures à travers le monde l’ont montré ! La théorie de l’attachement est universelle et ne dépend pas de la culture (comme le besoin primaire de nourriture). Ainsi, à travers le monde, la proportion d’enfants sécures/insécures (selon le type de liens affectifs développés dans ses premiers mois de vie) est globalement toujours de 60 / 40.
En conclusion de l’article et de ce bref résumé, retenons qu’un lien sécure est un atout pour un bon développement.
POur en savoir plus :
LEs dossiers de la Recherche, Décembre 2012, La Naissance.
Cyrulnik, B. De chair et d’âme, Éditions Odile Jacob, 2006.
Gray, D. Attachement et adoption, traduction par Françoise Hallet aux Éditions De Boeck Université, Collection Parentalités, 2007.
Noël, L. Je m’attache, nous nous attachons- le lien entre un enfant et ses parents, Éditions Science et Culture, 2004.
Pierrehumbert, B. Le premier lien, théorie de l’attachement, Odile Jacob, 2003.
Rygaard, N.P. L’enfant abandonné: guide de traitement des troubles de l’attachement, traduction par Françoise Hallet aux Éditions De Boeck Université, Collection Parentalités, 2005.
4 réflexions au sujet de « L’attachement : effet collatéral de l’allaitement »